La sélection Printemps.com des livres à lire

En trois tomes, Virginie Despentes raconte à travers ce roman l'histoire de Vernon Subutex, un ancien disquaire expulsé de chez lui, se retrouvant à la rue avant de monter des raves quasi-mystiques axées sur la musique binaurale qu'il mixe depuis ses platines, dont le succès est fulgurant. Une Comédie Humaine moderne à travers laquelle l'autrice dépeint des personnages issu·e·s de toutes les classes sociales, décryptant à travers eux·elles les ressorts complexes de la société française contemporaine. Le tout avec une pertinence percutante et une verve ultra séduisante, qui ont fait de cette trilogie un best-seller incontournable.

C'est l'incarnation parfaite du classique que tout le monde connaît sans même en avoir lu une ligne. Il vaut pourtant bien le détour et n'a pas volé son statut de chef-d'œuvre intemporel. Son récit, qui raconte comment l'ingénieuse Shéhérazade est parvenue à détourner le sultan Shahryar du projet funeste qu'il lui destine, en inventant des histoires captivantes soir après soir, fait d'ailleurs singulièrement écho au contexte de confinement actuel. Glorifiant implicitement la puissance de l'imaginaire, Les Milles et Une Nuits rassemble à travers ses contes de très nombreux genres littéraires : du récit d'amour épistolaire à l'épopée historique, en passant par le roman de voyage, la nouvelle érotique ou même l'auto-fiction (abordée à travers la Nuit 602). Et se révèle plein de surprises, malgré sa fin connue de tous·tes.

Paru en 1996, L'Infinie Comédie a rapidement acquis le statut de classique de la littérature contemporaine. Déroulant l'action du récit dans un futur proche, David Foster Wallace y imagine une fédération surpuissante constituée des États-Unis, du Canada et du Mexique. Labyrinthique et postmoderne, le roman dépeint une population accro à la surconsommation, aux loisirs et à l'entertainment, en s'axant sur les aventures de l'excentrique famille Incandenza, à l'origine d'une mystérieuse vidéo aux effets surnaturels convoitée par des séparatistes. Y déployant une incroyable richesse narrative et stylistique, David Foster Wallace y jongle entre les registres de langue (argotique, médiatique...) et mène des réflexions aussi bien philosophiques, poétiques, politiques que mathématiques et tennistiques. Un roman virtuose.

Pour le philosophe britannique Timothy Morton, la transition écologique doit aller de pair avec une révolution intellectuelle. Cette dernière consiste à changer notre perception à l'égard du monde naturel : il ne s'agit plus de l'envisager comme un outil inanimé au service des humains mais d'apprendre à vivre en symbiose avec lui. Voilà ce que signifie adopter « la pensée écologique », promue par cet essai fluide et enthousiaste. Dans cette perspective, son auteur invite à s'émerveiller devant les innombrables formes du vivant et à se réjouir des nombreux mystères qu'elles recèlent. Il montre que les éléments de l'écosystème sont tous interconnectés et que chacun de nos gestes, même le plus infime, peut avoir un impact positif. Un ouvrage optimiste, truffé de références à la littérature, à la poésie et à la pop culture.

Publié en 1962, Le Printemps silencieux est le livre qui a éveillé les consciences aux enjeux environnementaux aux États-Unis. Dès les années 1940, la biologiste Rachel Carson, aujourd'hui icône de l'écologisme, s'inquiète des dégâts causés par l'usage généralisé des pesticides sur l'environnement et la santé. Visionnaire, cet ouvrage de vulgarisation scientifique relate avec limpidité le fruit de ses recherches, et provoque une onde de choc dans la société états-unienne, s'étendant ensuite au monde entier. Il joue un rôle phare dans l'interdiction américaine du pesticide DDT, conduit à la création de l'Agence américaine de protection de l'environnement et sert d'inspiration aux mouvements écologistes dans les années 1960. Un livre fondateur dont les répercussions se font encore sentir.

L'Anthropocène désigne l'ère géologique actuelle, caractérisée par un impact dévastateur des activités humaines sur l'écosystème. Mêlant données chiffrées, essais et cartographies, il dépeint les risques qui pèsent sur notre planète (déforestation, perte de la biodiversité, érosion des sols, montée des température, pollution) et explore la diversité des enjeux auxquels doivent faire face nos sociétés. Il démontre ainsi avec sagacité que les ressources de la Terre ne sont pas illimitées et qu'il faut agir dès maintenant s'il on souhaite les préserver. Un ouvrage indispensable pour penser l'écologie aujourd'hui.

Rédigé à partir de conférences données par l'autrice en 1928 aux collèges pour femmes de Girton et de Newnham de l'université de Cambridge, en Angleterre, ce pamphlet rédigé à la première personne du singulier dépeint avec une grande perspicacité la situation des femmes dans la société britannique - et plus largement européenne - de la première moitié du XXème siècle. Interrogée sur le thème « les femmes et le roman », Virginia Woolf, membre de l'intelligentsia londonienne de l'époque, déroule dans cet essai sa réflexion sur la place accordée aux écrivaines tout en revenant sur les causes de leur absence relative dans la littérature. Selon elle, outre d'argent (à l'époque, les femmes sont par défaut réduites au silence car sous la tutelle des hommes), une femme doit bénéficier afin de pouvoir s'exprimer d'une « chambre à soi », soit un espace dans lequel elle pourrait créer librement, sans être dérangée. Un des plus grands classiques du féminisme.

Petit condensé de théories féministes, ce best-seller s'intéresse au pouvoir subversif d'une figure longtemps incomprise et marginalisée : la sorcière. Qu'elle soit célibataire, sans enfants ou veuve, cette magicienne de l'ombre incarne finalement toute femme indépendante qui s'oppose au patriarcat. À travers elle, la journaliste et essayiste Mona Chollet analyse la misogynie et les comportements sexistes dans nos sociétés, du Moyen Âge à aujourd'hui. Entre mythes et réalité, l'autrice retrace ainsi l'histoire des représentations et le parcours de la sorcière ; une figure victime de persécutions aux XVIème et XVIIème siècles, qui devient peu à peu un modèle d'émancipation et de liberté, jusqu'à se muer en une icône féministe pour le XXIème siècle.

Publié en 1969, Je sais pourquoi l'oiseau chante en cage est le récit autobiographique de Maya Angelou, poétesse et écrivaine américaine engagée dans la lutte pour les droits civiques. Ce livre dépeint sa vie de ses trois à ses seize ans, et se déroule en partie dans les années 1930, dans le Sud des États-Unis encore ségrégationniste et raciste. Traversant de nombreuses épreuves, Maya Angelou trouve finalement la force de les surmonter grâce à son amour pour la langue anglaise et les livres. Dans cet ouvrage, elle raconte sa bouleversante quête de liberté et d'égalité s'appuyant sur l'art, via un travail de mémoire et d'introspection. Portant sur la ségrégation raciale et la résilience, ce roman épouse les élans et les combats de son autrice, et montre comment il est possible de guérir de ses blessures. Un récit d'empowerment saisissant, incarnant pleinement les multiples luttes liées au féminisme intersectionnel.