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Jimothy Lacoste, jeune OVNI de la chanson anglaise

Arts | le lundi 4 janvier 2021

Talent, Jimothy Lacoste. Directeur de création, Yann Weber. Photographe, Jenny Brough. Coiffeur, Sven Bayerbach. Styliste, Adrian Bernal. Producteur, Guillaume Folliero de Luna.

le chanteur Jimothy Lacoste
Depuis Londres, Jimothy Lacoste aurait pu surfer sur les dernières tendances du rap anglais : le grime, la drill, etc. Il n'en est rien : entre son premier album (The Safeway), qui doit autant au hip-hop qu'à des formats plus pop, et ses clips, autoproduits et délirants, le jeune homme de 21 ans, passé par le graffiti, a choisi d'affirmer un style bien à lui. Il le décrit ici dans une interview sincère où il est question de l'origine de son pseudo, de son goût pour les sapes et de son enivrante philosophie de vie.

Printemps.com : Ton dernier single se nomme « Describe A Villain ». Tu te considères comme une mauvaise personne ?

Jimothy Lacoste : À certains moments de ma vie, j'ai pu me comporter comme ça, oui. J'ai parfois écouté le démon en moi, comme si j'avais besoin de céder à mes mauvais instincts. Cette façon que l'on a de succomber aux tentations, c'est d'ailleurs ce dont parle le morceau. C'est souvent dans ces moments-là que l'on s'attire le plus d'ennuis.

Quel genre d'adolescent étais-tu ?

Quand j'étais plus jeune, je pensais énormément au futur. J'ai très vite eu l'occasion de côtoyer des jeunes issus de milieux aisés. Ils étaient dans des écoles privées, mais je les retrouvais ensuite dans des soirées. À côté de ça, vers 13 ou 14 ans, j'ai traîné avec des mecs qui avaient au moins 10 ans de plus que moi. Ils étaient graffeurs et ça m'a permis de découvrir un monde au sein duquel je me suis rapidement investi. J'étais très ambitieux, j'avais de grandes attentes envers moi-même. Aujourd'hui, je profite nettement plus du moment présent, mais c'est vrai que j'ai toujours cherché à me démarquer. Par ailleurs, le R'n'B qu'écoutait ma mère, mais aussi le grime et le UK garage, ces deux genres typiquement britanniques, et plus particulièrement londoniens, m'ont beaucoup influencé.


Tu te sens proche d'autres artistes à Londres ?

Je ne dirais pas que je suis proche de certains musiciens, mais j'aime beaucoup la musique de ma génération : qu'il s'agisse de celle de King Krule, Playboi Carti ou encore Lil Uzi Vert. Ils ont tous un univers très marqué, peut-être encore plus que le mien : mais c'est aussi parce que je ne veux rien m'interdire. J'écoute de tout et je ne me vois pas me priver de faire un morceau rock, house ou pop si j'en ai envie. L'idée, c'est d'envisager la musique à la manière de ces artistes que j'aimais étant jeune et qui me semblaient super cool. Je me dis que c'est à mon tour de l'être, à présent.

Tu as donné un certain nombre d'interviews pour des magazines de mode. Le style, c'est quelque chose d'important pour toi ?

Oui, j'aime les fringues, j'aime les designers. Mais je pense aussi avoir plus d'attirance pour le style que pour la mode. Le style, c'est vraiment une affirmation de soi, un moyen d'exprimer d'où on vient et où on va. Ça dépasse le simple fait d'avoir telle ou telle sape, uniquement parce que ça paraît cool de porter une marque plutôt qu'une autre.


Comment définirais-tu ton style, justement ?

Je pense être à la fois classe et décontracté. Je n'ai jamais eu d'argent, mais le fait que ma sœur ait travaillé dans le commerce m'a clairement influencé : elle me proposait souvent de m'acheter des fringues, si bien que j'ai toujours pu bien m'habiller.


Tu as collaboré avec différentes marques de mode : est-ce pour toi un moyen de vivre pleinement de ton art ?

Oui, c'est une certitude ! Ça peut aider au financement d'un album, d'un clip ou autre. Et puis ça peut laisser le temps de bosser tranquillement sur d'autres projets. Mais la vérité, c'est que je n'accepte pas toutes les propositions, même si elles sont alléchantes sur le plan financier. Le plus important, c'est que les vêtements viennent compléter un univers, voire certaines chansons. Surtout dans les clips, pour lesquels je me demande à chaque fois quelle marque j'aimerais porter. Selon moi, ce n'est même pas lié à la qualité ou au prix des vêtements, mais davantage au fait qu'il est nécessaire de se démarquer, de trouver un style qui nous est propre et qui permet au public de nous identifier. Il faut montrer qui on est, et les vêtements font partie du processus. C'est aussi pour ça que je vois certaines sapes comme des médailles : des attributs qui viennent valider ma réussite.

Tu parles souvent de tes marques préférées, à l'instar Burberry, dans tes morceaux. Pourquoi ?

Oui, j'aime les fringues, j'aime les designers. Mais je pense aussi avoir plus d'attirance pour le style que pour la mode. Le style, c'est vraiment une affirmation de soi, un moyen d'exprimer d'où on vient et où on va. Ça dépasse le simple fait d'avoir telle ou telle sape, uniquement parce que ça paraît cool de porter une marque plutôt qu'une autre.


Il y a aussi ton pseudo. Pourquoi avoir choisi Lacoste plutôt qu'une autre marque ?

C'est la première marque que j'ai achetée avec mon propre argent. Ma mère ne me donnait que 10 livres tous les 15 ou 20 jours et je dépensais systématiquement tout dans des bombes aérosol. Dès que j'ai eu de l'argent, je me suis fait plaisir en allant m'acheter des fringues Lacoste. J'étais tellement fasciné par cette marque que ça me paraissait évident d'adopter ce pseudo, même si je tente aujourd'hui de lui donner un autre sens.

C'est-à-dire ?

Je me vois désormais comme un crocodile, qui observe à l'abri des regards, avec uniquement mes yeux qui dépassent de l'eau et me permettent de bondir sur une opportunité dès que je le sens.


Dans les morceaux de ton premier album, The Safeway, sorti en juillet 2020, tu parles également de sujets plus sérieux, comme la dyslexie, l'absence d'un père ou l'anxiété. Dirais-tu que tes morceaux sont les fragments d'un journal intime ?

Clairement, oui ! Le titre de l'album, d'ailleurs, est une façon de tirer le bilan de tout ce que j'ai vécu depuis que je suis gamin : en racontant toutes ces histoires, je me suis rendu compte que j'avais choisi le bon chemin jusqu'à présent. D'où ce titre « la voie de la sécurité », tout simplement parce que je n'ai jamais connu ce sentiment étant petit. Aujourd'hui, j'ai envie d'en profiter.


Arrives-tu à écrire tous les jours ?

Non, malheureusement. Parfois, je ne parviens pas à sortir quelque chose de décent pendant deux ou trois mois, mais je reste perpétuellement motivé, à l'affût de nouvelles idées. Elles peuvent surgir n'importe quand : après avoir mangé, m'être habillé ou simplement avoir écouté de la bonne musique.

Penses-tu que ta dyslexie a influencé ta musique ?

Oui, c'est certain. Petit, j'ai été envoyé dans une école spécialisée, j'avais de gros problèmes de comportement. Cela a sans doute joué sur ma volonté de constamment me démarquer. Le fait d'avoir cette maladie, ça m'a incité à garder l'esprit ouvert, mais aussi à créer ma propre musique, avec mes propres productions et sans utiliser de samples.


Aujourd'hui, tu vis ta vie selon la devise LIGQE (Life Is Getting Quite Exciting). Pourquoi ce slogan ?

Parce qu'il faut rester excité et heureux vis-à-vis de ce que la vie a à nous proposer : c'est le meilleur moyen de ne pas sombrer dans la mélancolie. On peut aller se chercher de la bouffe, regarder sa série préférée pendant trois heures et s'en réjouir complètement si cela nous fait du bien. L'idée de cette devise, c'est vraiment de s'épanouir au quotidien, sans que ce soit nécessairement lié à des événements extraordinaires. Il faut simplement chercher à se faire du bien.

C'est aussi pour ça que tu danses dans presque toutes tes vidéos ?

J'ai appris à danser en jouant à un jeu vidéo et je pense que je ne peux plus écouter une chanson sans bouger dessus. D'où mes clips, où je danse sur le toit d'un abribus, dans le métro ou sur le parking d'un Ikea.


Quels sont tes prochains projets ?

Peut-être pas un nouvel album, mais certainement de nouveaux morceaux. J'ai envie de composer des mélodies qui font danser.

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